«LES TRETSOIS ET LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE »
Causerie réalisée par GUY VAN OOST et les amis du village, le 21 Septembre 2024
REPRODUCTION INTERDITE
"Merci aux Amis qui ont pu se mobiliser pour cette manifestation et une pensée émue pour Aline Briu et Popaul Moutte membres fidèles des ADV, de la création de l’Association, à sa dissolution. Tous les 2 ont animé de leurs belles chansons nos Memori e Raconte pendant 20 ans.
Je vous rappelle que nous ne sommes pas des Historiens. Nous ne sommes que, des Passeurs de Mémoire, des conteurs de vie des gens d’ici. Beaucoup nous ont transmis leurs souvenirs. Nous les avons cueillis et nous vous les transmettons… "
*Le 1er Septembre1939, l’invasion de la Pologne par les hordes nazies va déclencher la seconde guerre mondiale.
*Le 3 Septembre, la France déclare la guerre à l’Allemagne. Pourtant 8 mois vont s’écouler avant que ne commencent les combats.
La France s’installe dans cette « Drôle de guerre », un conflit sans batailles…
LA DEFAITE
*Le 10 Mai, les armées du Reich passent à l’attaque et ce sera la déroute pour l’armée française : la débâcle.
L’ennemi avance inexorablement faisant 92000 morts, 250000 blessés et un million et demi de prisonniers qui seront envoyés en Allemagne.
Pour fuir devant les Panzers et les bombardements de la Wermarcht, des millions de Français se jettent sur les routes c’est l’exode.
*Le 10 Juin, l’Italie de Mussolini, alliée d’Hitler, déclare la guerre à la France.
*Le 14 Juin, les Allemands entrent dans Paris et défilent sur les Champs-Elysées, la croix gammée flotte au sommet de la tour Eiffel.
*Le 16 Juin, le chef du gouvernement Paul Reynaud démissionne et sera remplacé par le Maréchal Pétain. Celui-ci, vainqueur de Verdun, héros de la guerre de 14/18, est alors très populaire. Il demande l’armistice et forme un gouvernement autoritaire qui s’installera à Vichy.
*Le 18 Juin, le Général De Gaulle, réfugié à Londres, lance un appel à la BBC. Il exhorte les Français à refuser l’armistice et à poursuivre la lutte contre l’occupant. Même si très peu de gens l’ont entendu, bientôt, des hommes et des femmes de toutes origines sociales, de toutes croyances, de toutes opinions vont se lever pour résister.
*Le 22 Juin, les 2/3 du pays sont occupés, et l’armistice est signé à Rethondes, entre le IIIème Reich et le gouvernement français.
Notre pays est en gros, coupé en deux par une ligne de démarcation :
-la zone Nord est occupée par les Allemands,
-la zone Sud sera dite zone libre.
L’ETAT FRANÇAIS
*Le 10
Juillet, une large majorité parlementaire vote les pleins pouvoirs au
maréchal. La République n’existe plus, et Pétain devient alors le Chef de l’Etat
Français. Son projet de Révolution Nationale est mis en œuvre…
-La Marianne est remplacée par la francisque,
-la devise « Travail, Famille Patrie » se substitue à la devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité ».
-Un hymne est composé à sa gloire: « Maréchal, nous voilà ! ».
-La propagande sera très utilisée par le gouvernement de Vichy. Le portrait du Maréchal est affiché partout, il figure sur tous les timbres-poste et sur de nombreuses cartes postales. La radio, les journaux et des affiches diffuseront largement ses idées.
*Le 3 Octobre, les premières lois à l’encontre des Juifs sont promulguées.
*Le 24 octobre, le Maréchal rencontre Hitler à Montoire et ils scellent leur accord par une poignée de mains historique. La collaboration débute formellement.
Vichy accélère la prise en mains de l’état.
La mise
en œuvre de sa politique doit passer par les communes, et par des hommes
sûrs. Les préfets seront chargés de les désigner mais aussi de les
surveiller… Voyons comment tout cela s’est traduit à Trets :
LA
MUNICIPALITE GIUDICELLI
La loi du 16 Novembre 1940 réorganise les corps municipaux. Le 23 Janvier 1941, le préfet Viguié arrête :
Est nommé Maire de Trets, en remplacement de Monsieur Joly Marius, le Docteur Giudicelli Jacques.
Monsieur Giudicelli Jacques, Maire de Trets, établira la liste des conseillers municipaux. »
La municipalité sera « surveillée de près » par un homme venant chaque jour de Marseille, omniprésent ayant l’œil sur tout… Tous les témoins, l’appelaient « Le Balafré ».
Réuni le 6 Mars 1941, le conseil municipal délibère :
« Monsieur le Maire demande d’observer une minute de silence pour honorer nos morts pour la Patrie.
Une motion de confiance est votée en faveur du Maréchal Pétain. Un télégramme lui sera adressé.
Monsieur le Maire propose que le boulevard de la République s’appelle désormais Boulevard Maréchal Pétain. »
(C’est ainsi qu’aujourd’hui, notre concitoyenne Nelly, née Bert, un 21 Septembre, s’étonne d’être venue au monde, Boulevard du Maréchal Pétain…)
Marie-Thé nous dévoile la suite
LES RUES CHANGENT DE NOMS LECTRICE MARIE THE Le 20 Mai, le Maire fait connaître qu’il y aurait lieu de procéder au remplacement de noms de rues.
La place Paul Bert, (l’un des fondateurs de l’école laïque), devient la place de la Gare. La rue Auguste Blanqui, (Révolutionnaire socialiste) devient la Grand’rue. L’Avenue Aristide Briand (artisan de la séparation de l’église et de l’état) devient la rue Kirbon. La rue Adolphe Crémieux (célèbre avocat Juif) devient la rue Augustin Estienne. Le cours Alphonse Esquiros (écrivain romantique) devient le cours Frédéric Mistral. L’avenue Jules Ferry (Ministre et artisan de l’école laïque) devient l’Avenue Pasteur. La rue Félix Pyat (journaliste socialiste) devient la rue Portail de Pourrières. La rue Maximilien Robespierre (avocat révolutionnaire) devient la rue Cadry. La rue Ledru Rollin (avocat républicain) devient la rue Petite Pujade. L’avenue Roger Salengro (ancien ministre du Front populaire) devient l’Avenue Mirabeau… |
VICHY ET L’ECOLE
Refonder l’éducation, s’impose comme la priorité absolue du gouvernement qui veut s’attacher, sans attendre à édifier « un homme nouveau ».
L’école est totalement réformée :
-la
gratuité est supprimée dans le secondaire.
-Les contenus de l’enseignement devront forger un sentiment d’appartenance local, régional et National.
-Les instituteurs, vont faire l’objet d’une épuration. Les Juifs et Francs-maçons seront révoqués.
-Désormais l’école publique devra enseigner à tous les enfants, leurs devoirs envers Dieu.
La salle de classe elle-même change :
Le buste de Marianne est remplacé par le portrait du Maréchal.
Les livres scolaires font l’objet d’une épuration, certains sont interdits, d’autres expurgés et remaniés.
-Le livre de Lectures est remplacé par « Il était une fois, un Maréchal de France ».
-Même certains livres des bibliothèques scolaires sont bannis car leurs auteurs sont jugés subversifs, comme Zola.
-Des abécédaires à la gloire du chef de l’Etat sont édités.
-Les Travaux Manuels devront se multiplier,
-Des activités de Défense passive devront être effectuées régulièrement…
Elyane nous rapporte les souvenirs d’Albert Gastaud, écolier à Trets.
LECTRICE ELYANE La zone libre n’était plus en guerre, mais, à l’école, il fallait hisser le drapeau le lundi matin, avant les cours, dans le plus grand silence. Les salles de classe étaient mal éclairées et les poêles ne fonctionnaient que quelques heures le matin, alors, l’hiver venu il fallait se couvrir comme Saint Georges. Tous les jours, la maîtresse nous faisait chanter Maréchal, nous voilà sans qu’on comprenne vraiment les paroles. Quand nous devions suivre une lecture, il n’y avait qu’un livre pour deux, Les ardoises étaient en carton et pour effacer il ne fallait surtout pas utiliser d’éponge humide ! Et sur les cahiers nous devions écrire serré du haut en bas de la page, même dans la marge, sans jamais sauter de ligne, pour économiser le papier. C’était pareil pour toutes les fournitures scolaires. Sur les protège-cahiers, les buvards et les bons points, il y avait le portrait du Maréchal Pétain. Il fallait faire des Travaux Manuels, mais on n’avait aucun matériel, alors les maîtresses devaient faire preuve d’une grande inventivité. Le Maréchal demandait aussi que nous lui adressions des messages ou des dessins, ce que nous faisions une fois ou deux par an.
Les maîtresses nous emmenaient assez souvent en promenade vers l’Arnavès, dans les collines où elles nous apprenaient à bien nous cacher derrière des talus ou sous des feuillages. Et elles observaient : « Hé, Albert, je te vois, et je ne veux pas te voir ! Cache-toi mieux !» On prenait cela pour des jeux, mais nous sentions bien que c’était sérieux, quand, avant de partir, nos maîtresses s’assuraient que nous avions bien nos bracelets d’identification avec notre nom, au poignet droit. |
L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE A TRETS
Le 30 juillet 1941, les établissements secondaires d’Aix étant réquisitionnés, l’Inspecteur d’Académie informe le Maire de Trets que la création d’un cours complémentaire de garçons est approuvée par le conseil départemental de l’Enseignement Primaire. Cette section sera dirigée par Monsieur Gabriel Oddon.
Un rapport, établi en 1941, fait bien ressortir l’état d’esprit qui préside quant aux objectifs de cet établissement.
Jacques vous lit ce rapport :
RAPPORT SUR LE COURS COMPLEMENTAIRE DE TRETS LECTEUR : JACQUES G.
« Ce cours existe provisoirement depuis octobre 1939. Les raisons de sa création sont : La fermeture des internats des établissements aixois transformés en hôpitaux ; et les difficultés de transport.
Il est
mixte et comporte : Elle comprend :7 garçons et 5 jeunes filles ; Une section de 1ère année de cours complémentaire avec 1 garçon et 7 jeunes filles, Soit au total : 20 élèves. dont 17 de Trets et 3 de Peynier . Pour être définitivement reconnu, le maintien du cours complémentaire doit être sollicité par le Maire, En ce qui le concerne, Monsieur l’Inspecteur Primaire Bernamonte se déclare favorable à la création d’un cours complémentaire à tendance agricole.
Ce cours ne comporterait qu’une seule classe, ouverte aux garçons seulement. Il nécessiterait :Un terrain d’application ;Un professeur qui pourrait être un agriculteur averti de la localité. Au bout de deux ans, les élèves particulièrement doués pourraient être orientés :
-Vers
les écoles d’agriculture ;
Un seul élève est actuellement fils d’agriculteur ; Ce cours risque de demeurer squelettique, les fils de paysans se retirant généralement après le certificat d’études primaires ; Que deviendraient les jeunes filles ? Propositions : Un cours d’agriculture pourrait être envisagé selon les directives de Monsieur l’Inspecteur Primaire ; Et un enseignement ménager pourrait également être confié à une personne compétente de la localité. Conclusion : c’est à la municipalité qu’il appartient de réclamer la « nature des cours » lui convenant le mieux. L’autorité académique statuera après enquête. » REPONSE DU MAIRE LE 15 OCTOBRE 1941 « Constituer une classe de 6ème moderne au sein du Cours Complémentaire existant fera que, de ce fait, la classe de Monsieur Oddon ne comprendrait plus 18 élèves comme précédemment prévu, mais 31 ainsi répartis :
-Classe
de 6ème : 13 élèves (7 filles et 6 garçons) |
LE REGIME S’ENRACINE
La
propagande investit tout le territoire. Ainsi, à Trets, par exemple, le mur
de clôture du jardin des Minimes, et le grand mur qui séparait la mine de
lignite de l’Avenue Mirabeau, deviennent les supports de slogans à la gloire
de la Révolution Nationale et du Maréchal.
Dans les vitrines des magasins, le portrait du Maréchal est exposé en bonne place… mais déjà, des premiers signes de résistance apparaissent avec ce « V » de Victoire tracé de nuit, sur la porte adjacente.
Du coup, le 13 Novembre 1940, des perquisitions ont lieu chez 14 tretsois, parmi lesquels, les Audric, les Bert et les Monges…
Une « liste des Républicains dangereux » est dressée…
Le docteur Aboucaya est victime d’une dénonciation :
« Si vous voulez trouver le Docteur Aboucaya, il est à toute heure rue Féraud. C’est un Juif, et un Communiste notoire. »
Le
Cercle Jean Jaurès, réputé être dirigé par des Républicains, fait l’objet
d’un rapport du Maire au préfet, le 27 Novembre 1941 :
« Ce Cercle est le dernier îlot de résistance de l’ancien régime…mais le drapeau rouge ainsi que les effigies de Jaurès, Blum et Salengro ont disparu depuis quelque temps… »
Dès Mai 1940, les bals avaient été interdits sur tout le territoire. En effet, le régime les associait à l’esprit de jouissance et voulait « conspuer la dansomanie qui a gagné le pays durant l’entre-deux guerres ».
Les gendarmes devaient s’appliquer à faire respecter cette interdiction. Et pourtant, à Trets, comme sur l’ensemble du territoire, les jeunes, dont les bals étaient le seul loisir, se sont appliqués à trouver des lieux où danser : granges ou cabanons dans les campagnes reculées.
C’étaient là aussi de petits actes de résistance…
DES LEGIONNAIRES A TRETS
Après la débâcle, de nombreux régiments seront démobilisés à Aix et les hommes répartis autour de cette ville. Ce sera l’opportunité pour les municipalités de faire exécuter certains travaux…
Le chemin qui depuis la D12, conduit à l’ermitage de Saint Jean du Puy était alors, une simple piste. En 1940, la ville de Trets héberge la 31ème compagnie de la Légion Etrangère. Son commandant propose au maire de mettre à la disposition de la commune – moyennant une petite rétribution – une équipe de soldats volontaires pour entretenir les chemins communaux.
Cette offre est acceptée par le conseil municipal le 20 juillet 1940 et c’est ainsi que ledit chemin a été rendu carrossable.
Max nous lit un témoignage de Jeannot Kitzler
TEMOIGNAGE DE JEAN KITZLER LECTEUR : MAX
Voici comment j’ai découvert Trets : Engagé volontaire à 18 ans, et originaire du Luxembourg, je fus versé dans un Régiment Etranger d’Infanterie. Fin Juin 1940, nous sommes arrivés à Aix en Provence avec armes et bagages. Nous avons d’abord été désarmés à la Caserne Miollis puis dirigés sur Trets, le 15 Août. Nous étions près de 500 hommes, sous la responsabilité du capitaine Schwartz, cantonnés un peu partout dans cette petite ville de 2500 âmes. Les officiers étaient logés à l’Hôtel de France, les hommes répartis dans divers immeubles, le Café des arts, le Café de la gare… Les rassemblements s’effectuaient sur la place de la gare.
Les volontaires ont pu participer à l’empierrement du chemin de Saint Jean du Puy. La ville payait à chacun d’entre-nous, 5 francs par jour pour cette tâche. A côté de notre solde de 10 sous par jour, ce n’était pas négligeable.Une stèle commémorative a été élevée à la mémoire des soldats du 31ème à l’entrée du chemin. C’est un légionnaire slave qui a taillé la pierre. Nous avons inauguré ce monument bien plus tard avec mon ami Ortéga et un détachement de la légion Etrangère.
En Novembre 1940, l’essentiel de la troupe doit se rendre au Thoronet, dans le Var, pour monter des marabouts pour les Chantiers de Jeunesse. Ensuite de nombreux engagés sont revenus à Trets où nous avions noué des liens étroits avec les habitants du village. |
En
effet Jeannot avait rencontré celle qui allait devenir sa femme…. Mais pour
tous les Tretsois, il est resté jusqu’à son décès, « Le Luxembourgeois » ou
encore Jeannot Lartigau, du nom de sa bassaquette d’épouse…
DES TUNISIENS DETENUS A TRETS
Depuis longtemps, la France et l’Italie se disputent la Tunisie. En Octobre 1942, les troupes germano-italiennes prennent le contrôle du pays. Des politiques et dignitaires du régime furent déportés et emprisonnés d’abord à Marseille et certains d’entre eux furent transférés à Trets en résidence surveillée.
Des Tretsois ont affirmé que Habib Bourguiba, aurait été là, logé chez le charron Constant Audric, mais seule la présence d’un de ses très proches : Hédi Chaker, est avérée.
Certains étaient consignés à l’Hôtel de France (Actuellement Hôtel de l’Arc) qui appartenait alors à Madame Laville, et d’autres chez Mlle Mistre, Avenue Mirabeau. Ils étaient autorisés à sortir et arpentaient à certaines heures, le Boulevard Maréchal Pétain, vêtus de grandes djellabas de chéchias et chaussés de babouches. Leurs promenades étaient toujours animées de grandes discussions.
Dans ses Mémoires, Bourguiba, évoque sa détention à Marseille et affirme que Hédi Chaker aurait eu à Trets, des contacts avec un agent français de l’Intelligence Service.
Les Tunisiens ont été transférés lorsque les allemands sont venus occuper Trets, à la fin 1943.
L’OCCUPATION ITALIENNE
Le 8 Novembre 1942, les Alliés débarquent en Afrique du nord française, et De Gaulle va installer son gouvernement à Alger.
En représailles, les Forces de l’Axe envahissent la Zone Libre, le 11 Novembre.
La partie sud-est de la Provence sera occupée par les Italiens jusqu’au niveau de Trets.
Leur entrée dans le village s’est faite, à pied, les hommes défilant avec leurs mulets derrière une fanfare, jusqu’à la mairie.
Après avoir organisé leur campement, au lieu-dit La Bergerie, en bordure de la route de Puyloubier, ils ont barré les routes et installé une batterie de mitrailleuses sur les aires, près du Tampan (Boulevard Vauban).
Ils avaient aménagé une infirmerie dans un local du Boulevard Etienne Boyer et ont mis un point d’honneur à régler leurs loyers…
Vus les
liens particuliers unissant les peuples français et italiens, et
conformément aux ordres formels que les officiers ont reçus, les occupants
adopteront une attitude correcte avec les autorités et cordiale à l’égard de
la population civile.
La plupart étaient des pères de famille au comportement jovial. Certains ont cherché à établir des rapports avec toute la population, en essayant de trouver des liens de famille avec les nombreux émigrés d’origine italienne.
A leur départ le 9 Septembre 1943, consécutif aux divergences de vue entre Mussolini et Hitler sur la question juive, ils ont abandonné un bon nombre de leurs mulets. Ceux-ci se sont égarés dans les champs alentours, avant de se réfugier dans une bonne écurie française…
Les Italiens étaient bien partis…
…bientôt, l’Italie allait changer de camp…
…mais les Allemands avaient déjà pris la place…
RAFLES DE 1943 A MARSEILLE
En Janvier, les Allemands décident de faire de Marseille, un exemple, en évacuant les 25000 habitants des quartiers populaires du vieux port, où habitaient de nombreux Juifs et Italiens ayant fui le pays de Mussolini.
1500 immeubles sont détruits et 50 rues rayées de la carte.
Etienne
nous lit un souvenir de François Coquillat :
TRETS, VILLE DE JUSTES LECTEUR : ETIENNE Pendant cette deuxième guerre mondiale, de nombreux tretsois ont combattu le nazisme. On connaît moins le comportement à la fois digne, humain et courageux, à l’égard des juifs et autres réfugiés persécutés, de ceux qui se sont montrés simplement humains, et que l’on a honorés par la suite du titre de « Justes ».
Ils furent le plus souvent accueillis et cachés dans des fermes comme le Logis de la Colle, Saint Nicolas, Graffine, La Licorne, Grand’Boise ou encore chez des particuliers comme par exemple Laurent Oddo. Cela se savait plus ou moins, mais grâce à une bienveillante complicité de la police locale - qui se complaisait à égarer les recherches de la Gestapo … il n’y eut, chez nous, jamais de drame. L’heure était aux restrictions, mais on partageait le peu dont on disposait et la situation nous avait rendus très inventifs : on buvait du café à base de glands et on pratiquait le troc. Il a même pu nous arriver d’abattre un cochon « clandestin » lui aussi ! A noter, qu’après la guerre, le Château Grand’ Boise poursuivit cette mission que les propriétaires s’étaient confiée, en accueillant des Juifs qui attendaient d’embarquer pour Israël. » |
LES PREMICES DU MAQUIS DU PUY D’AUZON
Dès 1942, les frères Juvenal, d’Aix et Marius Joly forment un Comité de résistance.
Les
premiers recrutés seront le Docteur Yvon Aboucaya, Barthélémy Canavèse,
Ninou Avena, Marius Nègre et Félix Rippert. Ils vont s’attacher à enrôler
des hommes de confiance et à les organiser par sizaines bien cloisonnées.
En Août, ils assurent la diffusion d’une presse interdite et des distributions de tracts, en liaison avec la Fédération Clandestine des mineurs.
Le 11 Novembre 1943, une manifestation patriotique des mineurs a lieu devant le monument aux morts, une gerbe de fleurs est déposée. Cette action provoque l’intervention du sous-préfet qui vient enquêter en personne afin d’en connaître les instigateurs.
En 1944 est formé le Comité de Libération. Il est composé de 3 « MUR » (Mouvement Uni de Résistance), un communiste, un socialiste, un cégétiste, un prisonnier rapatrié, et un Front National, du mouvement de libération, né en 1941 et dissous en 1949 (à ne pas confondre avec le parti fondé en 1972…)
Deux groupes de patriotes seront formés pour réceptionner les parachutages d’armes qui vont s’effectuer à partir du 7 Juillet.
François vous raconte :
SOUVENIRS D’UN JEUNE RESISTANT LECTEUR : FRANCOIS COQUILLAT Depuis leur recrutement, les patriotes s’entrainent au maniement des armes. Ils attendent une grande mobilisation. Le chef du canton, Marius Joly, est secondé par Antoine Richard. Dans chaque sixaine, on trouve des communistes et des gaullistes, des catholiques et libres-penseurs qui s’étaient unis dans un même parti : la France ! Mon père s’était procuré un poste de TSF, et le soir, il écoutait la radio anglaise. Quand nous entendions le message : « Les poches se remplissent », c’était pour nous : des armes allaient être parachutées pour le maquis de Trets, sur le terrain dit « Armure », près de l’Anticaille. Le message : « La romaine les remplit », annonçait un largage sur le terrain dit «Saladier», près de Repentance, entre 23 heures et 1 heure.
Les résistants partaient dès la nuit tombée, matérialiser un long triangle et préparaient 3 feux pour guider le pilote. L’avion devait se présenter face au vent. Ainsi il était ralenti et faisait moins de bruit. Un signaleur se tenait à l’angle et dès que l’avion arrivait, à l’aide de sa lampe torche, il émettait un signal pré-établi en code morse.
L’avion larguait alors ses colis d’armes, grenades et plastic qu’il fallait évacuer dans une charrette couverte de foin, d’abord sous le pont de l’Arc de la route de Pourrières, avant d’être acheminés vers le Puy d’Auzon. D’autres armes allaient être entreposées dans la tour qui fait face au cimetière, en attendant d’être remises aux maquisards de Trets mais aussi à des patriotes du groupe » Savine » de Gardanne et à des mineurs du groupe « Leï Roudaïres » de Valdonne. Le 9 juin 1944, sur ordre écrit du chef départemental des Mouvements Unis de Résistance (MUR), 120 jeunes résistants de Trets, Fuveau, Peynier, Puyloubier et Rousset sont transportés au Puy d’Auzon, à bord de camions prêtés par Renson et Bouesc. Parmi eux, se trouvent mon père, mon frère aîné Philémon, mon oncle Roger et Valvert, venu d’Aubagne. Le 14 juin, vers midi, un ordre urgent de démobilisation nous parvint : les allemands se préparaient à attaquer et anéantir le maquis. Chacun devait quitter les lieux, d’urgence, séparément et reprendre ses activités le plus naturellement possible, à la mine ou dans les champs. Le ravitaillement est évacué vers un cabanon de Sainte Catherine. Et je revois encore ce tombereau chargé de fumier, sous lequel les armes étaient dissimulées, se diriger vers sa planque. Le 15 juin, au petit matin, 600 allemands groupés sur des camions, escortés de tanks, se déploient autour du maquis, convergeant de toutes les routes et chemins, formant méthodiquement un étau autour du Puy d’Auzon, heureusement complètement déserté ! Les camarades l’avaient échappé belle, … En revanche, les Maquis de Sainte Anne, près de Charleval, et de la Coutronne, au Plan d’Aups, furent anéantis. |
LE 17 JUIN 1944
Les Maquisards de Charleval et de La Coutronne au Plan d’Aups qui avaient reçu le même ordre erroné mais pas le contrordre de démobilisation ont, été massacrés sur place. Mais, le 17 Juin, les Allemands investissaient Trets et fouillaient toutes les maisons…
80 ans après l’événement, évoquer le 17 juin, c’est encore réveiller des antagonismes.
Objectivement, ce jour-là, ordre est donné au maire de rassembler toute la population place de la Gare. L’entrée des maisons doit rester libre pour faciliter les fouilles qu’y effectueront les soldats allemands à la recherche d’armes. Le soir, les perquisitions minutieuses n’ayant rien donné les habitants peuvent rentrer chez eux.
Nous avons recueilli de nombreux témoignages très variés, émis par des personnes diverses qui en sus, nous apportent quelques renseignements sur la vie à cette époque.
Les faits ont été, à peu près, racontés de la même façon par tous ceux qui ont témoigné. Ce qui différait, bien sûr, ce sont les ressentis de chacun … Nous vous laisserons juges, et tirer vos propres conclusions…
Nous nous contenterons simplement de livrer ces témoignages complémentaires qui enrichiront la contribution de Francis Maurin éditée dans Regards sur Trets.
Ecoutez d’abord, Jacques et Marie Thé:
TEMOIGNAGE DE JULIETTE BARET-MONPLAISIR LECTEUR ET TRADUCTEUR : JACQUES B.
Ma sorre Mario Claro, que venié d’aganta si vint an, devié se marida a 10 ouro aquéu 17 de jun emé Batistin Trotebas. A 7 ouro, davans l’oustau, a déjà li gènt se coungoustavon e toute la famiho s’alestissié pèr la noço. Léu meme, éri déjà lèsto couifado e vestido, e m’avien fa asseta, quàsi pausado sus la taulo emé counsigno de pas boulega. Tout d’uno se pico à la porto, e dins lou meme envanc, lou maire se rounsé dans la cousino, sènso s’encoumbra de fourmule, s’es éridé : « l’a plus ges de maridage e devès ana sus lou cop à la plaço de la garo ! » Aqui, Mario Claro retroubbès soun Batistin. Eron en plen desespera e plouravon dins li bras l’un de l’autre… Lou sér, un cop lis Alemand parti, lou maire revengué à l’oustau e nous digué que voulié bèn proucedi au maridage un pau plus tard is alentour de sièis ouro dou vèspre. Ai, touti li gènt éron forço countènt d’aceta ! E fugué lou proumié cop qu’à Tres, éro celebrado uno unioun en fin de vesprado. |
TEMOIGNAGE DE JULIETTE BARET-MONPLAISIR LECTRICE MARIE-THE Ma sœur Marie-Claire, qui venait d’avoir 20 ans, devait se marier à 10 heures ce 17 juin, avec Baptistin Trotebas. A 7 heures, devant la maison, il régnait déjà une joyeuse animation et toute la famille se préparait pour la noce. Moi-même j’étais déjà prête, coiffée et habillée, et on m’avait assise, presque posée sur la table avec la consigne de ne pas bouger. Tout d’un coup, on frappe à la porte, et dans le même mouvement, le maire fit irruption dans la cuisine. Sans s’embarrasser de formules, il s’est écrié : « II n’y a plus de mariage, et vous devez vous rendre immédiatement sur la place de la gare ! » Là, Marie-Claire a retrouvé son Baptistin. Ils étaient complètement désespérés et pleuraient dans les bras l’un de l’autre… Le soir, après le départ des allemands, le maire est revenu à la maison et nous a dit qu’il voulait bien procéder au mariage, un peu plus tard, vers 18 heures. Bien entendu tout le monde était trop content d’accepter ! Et ce fut la première fois à Trets qu’une union était célébrée en fin d’après-midi ! |
Ecoutez maintenant Josette :
LE 17 JUIN TEMOIGNAGE 2 LECTRICE : JOSETTE Le 17 Juin 1944 alors que la population s’éveille, la troupe allemande procède à l’encerclement de Trets. Des patrouilles de soldats, l’arme au poing, parcourent les rues sommant tous les habitants de se rendre sans délai sur la place de la Gare, et les rues doivent être désertes.
Sur cette place, sous la frondaison des platanes, toute la population est là, entassée comme des moutons autour du kiosque à musique, un cercle de soldats allemands arrogants, mitraillette au poing, tire de temps en temps des rafales en l’air. Les hommes, les femmes déjà fortement paniqués sont terrorisés par la menace que fait peser sur eux, cette horde de fanatiques sentant la défaite prochaine. Avec la fierté insultante du Gefreiter, le responsable allemand, une mitraillette anglaise à la main, menace : « Si lors des fouilles, on trouve, de ces jouets dans le village, les hommes seront fusillés, les femmes et les enfants, déportés ! » A côté de l’officier allemand, sur le kiosque, le maire, très digne devant ses administrés apeurés, répondit : « Premier responsable de la ville, je me porte garant de mes administrés, il n’y a à Trets, ni terroristes, ni armes ! ». |
C’est maintenant Elyane qui lit un témoignage de Martoune Richard Tassone :
LE 17 JUIN, TEMOIGNAGE DE MARTOUNE RICHARD-TASSONE LECTRICE : ELYANE
Le matin je découvrais avec surprise ces sacs dans le couloir. La nuit d’après : remise ouverte, des pas, charretier, cheval, charrette, remise fermée… et la précieuse cargaison avait disparu. Aussi, le 17 juin, à 8 heures, à mon départ pour l’école, pas de surprise : des sacs de nourriture et des sacs de munitions sont là… Mais ce samedi, la place de la gare était remplie d’Allemands armés. Des camions bâchés avec des mitrailleuses à l’intérieur avaient pris position. L’ordre était donné que personne n’entre et ne sorte de Trets. Toutes les issues étaient gardées par des soldats. Nous étions prisonniers dans notre village ! Je pars à l’école de filles, rue Victor Hugo, où je retrouve trois copines. Arrive la directrice, Madame Gaudin. Elle nous embrasse et nous recommande de retourner chez nous, d’être sages et de bien écouter nos parents. Etonnement et surprise pour nous quatre. Mme Gaudin ne nous avait pas habituées à autant de gentillesse : l’heure était donc grave ! En même temps, elle épingle une feuille de papier sur la porte : « Pas d’école aujourd’hui ». Je retourne à la maison où je retrouve les fameux sacs et là, nous apprenons que nous devons quitter nos maisons et nous rendre place de la gare. Les portes doivent être laissées ouvertes, afin que les maisons puissent être fouillées ! Nos sacs étaient toujours là, et mon oncle décrète : « Nous devons nous débarrasser à tout prix de ces sacs compromettants et nous allons verser le contenu dans le vidoir des cabinets publics, derrière la maison » (aujourd’hui rue Dominique Girodo) . La ronde des seaux commence : les nôtres auxquels s’ajoutent les tinettes quotidiennes des dames du village… Bientôt le vidoir déborde de toutes parts. Nous devons tout arrêter ! Mon oncle décide alors de retirer la paille et le foin en réserve pour la nourriture du cheval et de cacher les restes des sacs plus les douilles et de remettre la paille par dessus. On arrange bien le tas et ouf, nous avons enfin terminé ! Alors nous partons bien sagement, mémé, tonton et moi, avec des petits sacs contenant nos papiers, nos sous, nos photos et un morceau de pain, rejoindre les autres tretsois sur la place. |
Yvette nous lit le témoignage de François Di Grégorio, aujourd’hui, citoyen américain :
LE 17 JUIN-TEMOIGNAGE DE FRANCOIS DI GREGORIO LECTRICE : YVETTE
J’avais 13 ans et je me souviens très bien de l’événement. Le garde champêtre s’était arrêté devant chez nous, dans la rue Félix Pyat, et après un roulement de tambour, il annonça : « Les autorités allemandes ordonnent à Monsieur le Maire de communiquer à la population de Trets qu’elle doit se rassembler immédiatement place de la gare avec des vivres pour 48 h. Toutes les demeures doivent être laissées portes grandes ouvertes. » Place de la gare, notre bon maire était en grande discussion avec un homme en blouson de cuir et un officier allemand qui commandait un régiment en position autour de la place. Ces soldats avaient un air menaçant. Il y en avait un sur un side car qui allait et venait à toute allure d’un bout à l’autre de la place. Suite à un léger mouvement de foule, quelques coups de feu furent même tirés pour nous effrayer. Cela suffit pour nous figer sur place. Le maire, qui portait fièrement ses médailles de la 1ère guerre, s’adressa aux villageois : « Le commandant allemand, lui aussi ancien combattant de la guerre de 14-18, m’a assuré que rien ne vous sera fait si vous divulguez toute présence d’armes dans notre village. » Ensuite les heures se sont écoulées avec une lenteur insupportable. Finalement, les mots tant attendus sont arrivés : « Vous pouvez rentrer chez vous. » |
Ecoutez enfin Rosye qui lit le récit de Jacques Giudicelli fils du maire de l’époque :
TEMOIGNAGE DE JACQUES GIUDICELLI FILS LECTRICE : ROSYE Ce fut pour moi une journée tragique et cocasse à la fois. Je faisais mes études de médecine à Marseille et ne venais donc à Trets que le samedi. Je « fréquentais » [comme on disait alors] à Marseille et cela faisait plusieurs semaines que mes parents souhaitaient faire connaissance de celle qui devait devenir ma fiancée. Et c’est justement ce jour-là que j’avais choisi pour amener ma dulcinée à Trets. Je lui avais décrit l’ambiance heureuse qui se manifestait à l’heure de l’arrivée du car à 11 heures. Quand le car arrive, je fus étonné de ne voir personne. A la maison, je devais trouver ma mère complètement affolée. Et elle me demanda de me rendre place de la gare. Comme il était 11 h 30 et que la population était retenue depuis 8 heures du matin, il aurait été imprudent de se balader à pied : je risquais de me faire flinguer. Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvrit et je vis entrer deux immenses SS armés jusqu’aux dents. Ils s’avancèrent vers moi et me mirent leur mitraillette sur le ventre, me traitant de terroriste. J’ai bien essayé de leur faire comprendre que j’arrivais, ils ne comprenaient strictement rien… Après 10 minutes de discussion, ils consentirent à quitter la maison au grand soulagement de ma dulcinée qui commençait à réaliser que j’avais beaucoup exagéré le joyeux accueil des tretsois… Nous sommes restés bloqués dans la maison jusqu’à six heures du soir, heure à laquelle ces brutes ont consenti à quitter le village. |
LE MAQUIS DE SAINT JEAN
A l’origine ce groupe de résistance a été formé, le 1er Mars 1944, à La Coutronne, au Plan d’Aups.
Dans un premier temps, les patriotes de Trets vont recevoir un parachutage pour le compte de ce Maquis, dans la nuit du 29 Mars, après réception du message de la radio de Londres, « Le beau trèfle à 4 feuilles sera bientôt pris». A 21 heures, les frères Deleuil, Paul Boyer et Justin Richaud prennent séparément le chemin de Kirbon et plus précisément, du champ « des oliviers de Tardivet ». A une heure du matin l’avion anglais après avoir répondu aux signaux convenus largue 15 containers dont il faudra cacher le contenu, armes et munitions, dans des lieux prédéterminés. Celles-ci furent livrées aux patriotes marseillais le 7 Avril par camion à gazogène.
Après le massacre du maquis du Plan d’Aups, le 10 Juin, et avec l’aval du major britannique Roger Burdett alias René Firmin et de Paul Trompette, responsable des milices socialistes, Louis Deleuil est chargé de former un nouveau groupe. Des volontaires seront recrutés et instruits. Un autre lieu de regroupement est acté : Saint Jean du Puy. Avec Marius Bastard et Patrice Boyer, il est décidé que dorénavant, les parachutages se feront sur les collines de l’Olympe et du Perdu.
Le 5 Juillet, nouveau message : « La vieille momie a pris un coup de froid ». 18 containers sont largués.
Il y aura encore un largage dans la nuit du 19 au 20 Juillet avec 15 containers et… 3 caisses de chaussures.
LA VIE AU MAQUIS
Le 12 Août, les chefs de groupe reçoivent un ordre de mobilisation et se rendent à Saint Jean où ils seront rejoints par des patriotes de Saint Zacharie : 108 résistants vont pouvoir commencer la guérilla.
Le 15 Août, 24 républicains espagnols les rejoignent.
La vie s’organise… Certains dorment dans la chapelle, d’autres dans le bâtiment de la buvette actuelle. Les repas se font avec les produits de la chasse silencieuse alentours : lapins, écureuils, provisions apportées par les épouses, ou encore avec des produits de la terre, donnés par les agriculteurs du coin…
Jusqu’au 19 Août, ils mèneront plusieurs actions dans lesquelles s’illustreront aussi Jean Astruc, Elie Bernardi, Sauveur Basso, Pierre Carretier, Julien Castillon, Henri Comino, Ernest Guichard, Imbert « le coiffeur », Fernand Martin, Louis Orgnon, Marcel et Désiré Puccinelli, Emile Resplandin, Lucien Tavernier et Jean Willig…
ROBERT O’NEIL
Le 12 août encore, des chasseurs Mustang du 332ème Fighter Club Group de l’U.S. Air Force, décollent de leur base située en Italie. Leur objectif : la destruction des radars allemands installés entre Marseille et La Ciotat.
A bord de l’un de ces chasseurs du fameux Escadron noir de Tuskegee, le pilote noir américain Robert O’Neil
Jacques nous transmet les souvenirs de Robert O’Neil et Auguste Deleuil :
SOUVENIRS DE BOB O’NEIL ET AUGUSTE DELEUIL « Nous survolions l’objectif quand 4 chasseurs ennemis nous ont attaqués. Leur formation a éclaté et j’ai commis l’erreur de me lancer à leur poursuite. J’ai compris quand j’ai vu les balles traçantes défiler sous mon aile droite. L’un d’eux m’avait contourné. J’ai viré immédiatement, mais les tirs de l’allemand ont fini par m’atteindre. Tant bien que mal, je me suis dirigé vers une zone inhabitée. J’ai largué ma verrière puis j’ai sauté. Je suis tombé à proximité d’une ferme, une jeune fille s’est précipitée vers moi et m’a conduit à la ferme voisine où j’ai passé ma première nuit, caché dans la grange. Le lendemain, des patriotes français sont venus me prendre en charge pour me mettre à l’abri ».
Auguste Deleuil, réfractaire au S.T.O., qui se cachait au « Perdu » et appartenait au maquis de Saint Jean sous le matricule 4187, précise : « Du sol nous avons assisté au combat aérien. Quand l’avion de Bob s’est mis en vrille, l’allemand est parti sur Saint Zacharie. Nous avons retrouvé l’américain le lendemain à La Jolie, chez Paul Midori. Pour le rassurer nous lui avons simplement dit : « French ! De Gaulle ! » Nous l’avons planqué dans la bergerie de Vincent. Un jour nous avions récupéré un lapin pris dans un piège qui appartenait aux frères Mauro, coupeurs de bois. Nous avons voulu lui faire goûter la cuisine provençale… mais nous ne pouvions pas le faire cuire autrement que bouilli ! Ce n’était pas fameux, mais ça avait amélioré la ration… Lorsque les premiers américains sont passés, Louis Deleuil, chef du maquis, leur a remis Bob et celui-ci est parti poursuivre les combats. Hervé Brun, historien de l’Armée de l’Air, ayant pu retrouver les traces de Robert O’Neil, la municipalité a voulu honorer le pilote. Le maire, Roger Tassy, lui a adressé une invitation officielle pour la commémoration de la libération de Trets, le 20 août 2000. Et, il obtint l’accord de l’ambassade américaine pour organiser en commun, une grande manifestation d’amitié. J’avais proposé d’héberger Bob et sa famille dans mon gîte de la rue Clérion. Malheureusement Bob tomba gravement malade et ce beau projet ne put se réaliser. Mais grâce à la pugnacité des élus et aux recherches d’Hervé Brun, la ville put accueillir en juillet 2005 les filles jumelles de l’américain : Katleen et Maureen O’Neil. Celles-ci furent conduites par une délégation d’élus, et sous la responsabilité bienveillante du Comité Feux, sur les lieux du crash de l’avion, derrière le clos de Barry. La parcelle avait brûlé en 2004 et au milieu des arbres calcinés, elles purent encore trouver, 61 ans après, quelques débris de l’avion ! A leur retour à Trets, elles furent accueillies au Château par le maire et les derniers membres vivants du maquis de Saint Jean : Marcel Puccinelli, Manuel Martinez et moi »
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LE BOMBARDEMENT DE TRETS
Quelques jours avant le débarquement de Provence l’aviation alliée traque les allemands pour les pilonner.
Le 14 Août, alors qu’un convoi se positionne sous les platanes de la Place de la Gare qui lui offrent un camouflage précaire, des avions alliés surgissent au-dessus de Saint Jean.
Ecoutez Jeanine qui, en hommage, vous lit le témoignage de notre trésorier historique regretté, Roland Dolla :
LECTRICE : JEANINE En cette matinée du 14 août 1944, j’étais avec mon ami Ahmed en train de remplir des wagonnets de finette sur le carreau de la Mine. A peine avions nous commencé ce travail que des bruits de moteur arrivent jusqu’à nous ; je franchis le talus, et je vois un convoi de l’armée allemande entrer dans le village par la route de Rousset. Je me tourne vers mon collègue pour l’avertir, et à ce moment, j’entends puis je vois 2 avions au-dessus de Saint Jean descendre en piqué et lâcher les 2 premières bombes d’une série de quatorze.
Pendant notre course une autre bombe nous a projetés sur le sol où je me suis retrouvé tout couvert de finette. Je me suis dégagé et repartis de plus belle en appelant : « Ahmed, viens Ahmed, cours. » Nous courrions dans un nuage de poussière noire, je ne sais ni quoi ou ni Qui nous a fait prendre le bon et le plus court chemin pour arriver à l’entrée de la galerie Saint Jean.
Le même soir, avec d’autres familles, nous sommes allés dormir dans la galerie de pierres à ciment, sur la route de Saint Zacharie. De nombreux autres tretsois se sont réfugiés dans leur cabanon ou dans les collines. Ce chapelet de quatorze bombes s’est abattu entre le carreau de la mine et le début de la route de Rousset ne causant aucun dommage au convoi militaire. En ce qui nous concerne, et jusqu’à la mort d’Ahmed, trois mots devinrent notre amical « Bonjour » : « Ahmed, ta casquette ? Roland, ma casquette !» |
Si le convoi militaire allemand n’avait subi aucun dégât, des tretsois furent touchés :
- Monsieur Bertorello grièvement blessé a dû être amputé d’une jambe.
-Paul Reynaud a succombé à ses nombreuses blessures le 23 Août suivant.
Annie, nous raconte la triste destinée de Louis Durbesson :
LECTRICE : ANNIE Louis Durbesson qui habite au 8, Grand’ Rue (Aujourd’hui, Rue Blanqui) a rempli une cuve d’eau pour aller abreuver quelques animaux qu’il élève autour de son cabanon situé chemin de la Gardi. Il attelle la citerne de couleur verte à son cheval de trait Bijou et prend tranquillement le chemin de son cabanon. C’était hélas sans compter sur les avions américains qui traquaient les Allemands…Soudain un avion allié surgit de derrière les monts auréliens. Sûrement, le pilote, trompé par la couleur de la citerne, a-t-il cru qu’il s’agissait d’une citerne d’essence destinée à l’ennemi, et il a lâché toute sa mitraille sur le petit attelage, blessant gravement Louis. Secouru immédiatement par des voisins témoins de la scène, il fut transporté à l’hôpital d’Aix par Paul Durbesson dans son véhicule personnel où avaient également pris place, son épouse Augusta et le Docteur Giudicelli. Les médecins ont pu extraire toutes les balles, mais pas celle qui s’était logée dans une vertèbre cervicale très proche du cerveau. Louis fut ramené à son domicile où il mourut le 18 Août…à l’âge de 41 ans. Victime civile de la guerre, il fut déclaré « Mort pour la France » le 25 Janvier 1945. |
LE DEBARQUEMENT DE PROVENCE
« Gaby va se coucher dans l’herbe…Nancie a le torticolis… », ces messages diffusés par la BBC le 14 Août à 19 heures 15, mobilisaient tous les résistants.
Le 15 Août à l’aube, l’opération Anvil-Dragoon, commençait… au total, ce seront 380000 hommes qui débarqueront d’une armada de 2120 bâtiments, sur 18 plages entre Toulon et Cannes pour participer à la libération de la France.
Si son
matériel est américain, l’armée française est forte de 260000 hommes venus
de tout l’empire colonial. De nombreux soldats sont maghrébins, pieds noirs,
originaires d’Afrique sub-saharienne ou des Antilles. La plupart vont fouler
le sol de la Mère Patrie pour la 1ère fois.
Mais, déjà dans la nuit, 2000 avions et planeurs avaient largué plus de 10000 parachutistes et divers matériels entre La Motte et Le Muy.
Parmi eux, Joé Davray, qui avait rejoint les Forces Françaises Libres et s’était enrôlé dans les commandos parachutistes. Il voulait « manger du nazi… ».
Après bien des vies et aventures il viendra s’installer à Trets, et participera activement à la vie culturelle de notre ville. Il sera un pilier des ADV jusqu’à sa disparition.
La 3ème DI du Général O’Daniel a débarqué à Cavalaire.
Le 16 Août, elle libère Collobrières, le 18, la Roquebrussane, le 19, elle enlève Rougiers. Le lendemain, elle fonce sur Trets et libère La Beyssane sur son passage …
…où un bébé vient de voir le jour, et les libérateurs très souriants se le passent de bras en bras !
LA
LIBÉRATION DE TRETS
Au village, les premiers contacts avec les armées de libération eurent lieu dans la matinée du 20 Août 1944.
L’annonce de leur arrivée se répandit comme une traînée de poudre, des
dizaines de drapeaux tricolores surgirent de nulle part et toute la
population se précipita vers les places de la mairie et de la gare, envahies
de « djipes » et de camions.
Les tretsois, en liesse, chantaient La Marseillaise, riaient, criaient, pleuraient, applaudissaient … Ils forment un cortège et se rendent à la maison de Marius Joly pour l’inviter à venir reprendre son fauteuil de maire. Drapeaux en tête, au chant ininterrompu de La Marseillaise, le cortège grossit jusqu’à la mairie.
Peu après, il apparaît au balcon entouré des membres du Comité de Libération et des chefs de groupes des Maquis de Saint Jean et du Puy d’Auzon, déclenchant une ovation dans la foule massée devant la Mairie. « Trets vient d’être libéré du joug de l’envahisseur par les alliés. Le boche a disparu ! La population avide de nos chères libertés manifeste son immense joie ! »
Pascal, son lointain successeur nous raconte :
SIAN LIBERA ! LECTEUR : PASCAL 20 août 1944, 8 heures du matin, Trets déjà écrasé de chaleur est désert. Soudain, un roulement sourd et lointain venu de la direction des Auréliens rompt le silence. Les tretsois, derrière leurs volets clos, s’inquiètent : « les allemands ne sont-ils pas en train de refaire le coup du 17 juin ? ». Le roulement s’est rapproché, amplifié, il est devenu un vrombissement. Quelques tretsois se risquent à entrouvrir leurs volets et se frottent les yeux : des militaires, sur de drôles de petites voitures sans porte, avec des étoiles sur le capot, des camions, des chenillettes, des tanks… Les uniformes ne sont pas vert-de-gris et parmi les militaires il y a de nombreux noirs qui sourient de toutes leurs dents... Les tretsois comprennent qu’ils sont libérés et jaillissent de chez eux. La nouvelle se propagea jusque dans les campagnes. Certains se souviennent encore avoir entendu Clément Revest hurlant à pleins poumons et à l’envie « Sian libera ! sian libera !» dans les champs et vallons qu’il n’avait jamais dévalés aussi vite, depuis Kirbon jusqu’ à la fontaine d’Amont en passant par le vallat d’Encolly!
Place de la Gare, avenue Jean Jaurès, boulevard de la République la foule se joignait au convoi des « djipes », des camions, des chars et des canons. Certains riaient, d’autres pleuraient, tous applaudissaient, chantaient… De leurs bagages les libérateurs sortaient des denrées dont les Bassaquets avaient oublié le goût : bonbons, chocolat, lait concentré, cigarettes… Ils avaient les poches pleines d’un truc bizarre, qu’il fallait machouiller longtemps et sur lequel ils tiraient comme sur du caoutchouc : Sur l’emballage il y avait écrit « Dentyne » mais eux ils appelaient ça « du chouine gomme » ! Et d’ailleurs lorsque les Tretsois ont essayé, ils ont tout d’un coup pris l’accent américain…C’était magique !!! Les Bassaquets eux avaient sorti leurs meilleurs vins blancs et rosés. Et quand ils offraient aux soldats, des melons verdaou, ils les coupaient en deux et les mangeaient avec leur cuillère de campagne. Nous en restions bouche-bée. L’enthousiasme populaire d’être libre et l’admiration pour les libérateurs inspiraient un moment unique : la rencontre de deux civilisations : Celle du swing et celle de la java, Celle du corned-beef et celle du civet de lapin, Celle du coca-cola et celle des petits vins bassaquets. |
Le même soir un bal fut improvisé sur le cours. Il y avait des années qu’on n’avait pas dansé dans le village. L’atmosphère était faite de joie de fraternité et de grand bonheur.
Malheureusement cette soirée fut endeuillée par le seul tir d’un tank au village. Celui-ci tua accidentellement deux tretsois, Augustin Bouteille et Peloutier, dit « Pocardy » qui se trouvaient juste devant le Café des Arts (magasin Spar actuel) ...
LA LIBERATION DE MARSEILLE
Le 26 Août, quarante-cinq patriotes partent vers Marseille pour participer à sa Libération.
Ceux du Maquis de Saint Jean seront commandés par Louis Deleuil et Roger Huchedé ;
Ceux du Maquis du puy d’Auzon par le Docteur Aboucaya et Jules Garcia.
Au cours des évènements, s’illustreront en outre, Ninou Avena, Roger Bellon, Barthélemy Canavèse, Emile Monges et notamment Robert Jacques qui sera touché au thorax, lors des combats et décèdera peu après.
Je vous invite à écouter son histoire qui avait été racontée par Martoune Richard-Tassone, lors d’un Memori et que nous rapporte aujourd’hui, Annie :
EVOCATION D’UN HEROS : ROBERT JACQUES SOUVENIRS DE MARTOUNE RICHARD-TASSONE
Le 26 août, 45 volontaires partent renforcer les armées alliées pour la libération de Marseille. Parmi eux, Robert Jacques « C’était un jeune homme gai et sympathique, avec de beaux cheveux bouclés. J’avais une très grande admiration pour lui, et je le considérais un peu comme mon frère aîné. Il est arrivé de la région lyonnaise, en 1942 ou 43 et a trouvé un emploi de clerc de notaire. Il s’est intégré à la vie locale et il a rejoint le maquis du Puy d’Auzon.
Gravement touché lors de la reddition de Malmousque, il mourra les yeux grands ouverts sur la liberté qui se lève. Sa dépouille sera ramenée à Trets et déposée à la mairie, recouverte du drapeau tricolore et encadrée d’une garde d’honneur. Toute la ville vint lui rendre hommage. Ses obsèques se déroulèrent en présence de nombreux F.F.I., des membres du Comité de Libération et d’une foule considérable. Les derniers honneurs lui furent rendus par une délégation de militaires français et américains. Il n’avait pas de famille, on ne savait pas grand-chose de lui, mais il s’est battu pour Trets, pour la France, aux côtés de ses camarades du maquis. Il était devenu un enfant du pays ! ». Depuis le 2 Avril 1960, la rue qui part du Boulevard Etienne Boyer et conduit vers l’avenue Jules Ferry, perpétue le nom de ce Héros. |
LE BATAILLON DE PROVENCE
Après la libération de Marseille cinquante volontaires des maquis de Trets dont les 24 républicains espagnols ont rejoint le Bataillon de Provence afin de continuer le combat jusqu’à la reddition de l’ennemi nazi.
Le 7 Septembre, il part pour le front où il sera engagé dans des combats. Sauveur Basso et Julien Castillon y ont fait le sacrifice de leur vie.
ET, IL Y A CEUX QUI SONT REVENUS
Plus tard, au printemps 1945 la guerre était déjà loin pour les Tretsois, mais elle n’était pas terminée pour autant…On attend, on espère le retour des prisonniers, déportés, éloignés qui rentrent au pays après une longue absence et bien des épreuves.
Ecoutez Etienne :
ET PUIS IL Y A CEUX QUI SONT REVENUS … LECTEUR : ETIENNE
Et puis avec le temps les arrivées se faisaient de plus en plus rares comme celle de Marius Colle racontée par Albert Gastaud. Fait prisonnier à Dunkerque, renvoyé de camp en camp, à travers l’Europe, Il a été libéré par les Russes mais est resté longtemps détenu à Odessa… Enfin, il a pu rentrer à Trets en fin d’année 1945 alors que personne n’attendait plus personne … Imaginez son désarroi à la descente du car de se sentir seul, oublié. C’est le garde champêtre Bouteille qui l’a ramené en voiture à sa ferme de La Pommé sur la route de St Maximin. Et aussi il y a ceux comme Maurice Siccardi qui est rentré au pays en mai 1945 après deux ans de service militaire et 5 ans de guerre. Il a été fait prisonnier à Lille le 30 mai 1940 et a été détenu 5 années au Stalag 13B à Eger en Tchécoslovaquie. Les ex prisonniers des Bouches du Rhône, après être passés par le centre de « libération » de Marseille obtenaient une carte de rapatrié sur laquelle étaient mentionnés outre la modeste somme perçue la liste des quelques vêtements distribués : un costume une chemise, une paire de chaussettes, un caleçon… Tout ça pour 5 années de guerre, de souffrances et de privations… Mais le plus extraordinaire c’est que toutes ces épreuves n’entamaient pas leur moral. Ils étaient heureux de revenir à Trets, mais ils savaient qu’ils n’auraient pas le temps de se reposer car dans un pays où tout manquait il fallait reconstruire. Et ils l’ont fait à la fois dans les travaux des champs, à la mine, dans le bâtiment ou les transports comme Maurice sur la ligne Aix -Ginasservis. |
LE DEVOIR DE MEMOIRE
Depuis 80 ans maintenant, Trets n’a jamais oublié ses enfants qui ont pris les armes et se sont faits combattants de l’ombre, et de la liberté, ni leur courage. Notre ville et de nombreuses associations ont bien accompli leur Devoir de Mémoire pour que Rien ne s’efface.
DES NOMS DE RUES ANCIENS ET DES NOUVEAUX
Marius Joly rétabli dans ses fonctions de maire voit la nécessité de rebaptiser les rues débaptisées par l’Etat français. Il va charger Antoine Richard de dresser une nouvelle nomenclature des voies.
Par délibération du 26 mars 1946,
-tous les noms supprimés en 1941 sont rétablis,
-5 noms apparus sur la nomenclature de 1941 sont conservés
-3 noms nouveaux apparaissent : La Place de la Gare devient la place de La Libération, et les noms de pierre Brossolette et Marx Dormoy symboliseront les sacrifices des Résistants, au plan national.
A noter une petite mésaventure concernant le grand poète Frédéric Mistral. En 1941, la municipalité avait débaptisé le Cours Esquiros pour lui donner le nom du fondateur du Félibrige, et en même temps, débaptisé la rue anciennement Frédéric Mistral, pour honorer Urbain Dubois en ses lieu et place.
Par la délibération de 1946, Frédéric Mistral aurait dû retrouver sa rue, mais bizarrement la délibération, écrite, votée, ne fut jamais appliquée…
Il fallut attendre le 2 Octobre 2004, pour qu’enfin le grand poète retrouve une artère, en l’occurrence, l’Avenue qui relie le Rond-Point de Provence à l’Avenue Marx Dormoy.
Ce premier devoir de Mémoire sera suivi par de nombreuses autres délibérations, commémorations… puisque, jusqu’ici, chaque municipalité a voulu honorer les français qui se sont élevés contre la barbarie nazie et qui sont morts pour notre liberté, afin que l’on n’oublie pas…
Dès la fin de la guerre de 39-45, une plaque, gravée des noms des 15 victimes militaires et des 12 victimes civiles fut ajoutée sur le monument commémoratif.
Le monument, clos avec 16 potelets en ciment armé, relié par une chaîne à gros maillons, demeura alors sans changement notoire jusqu’en 2006, et une profonde restauration.
L’inauguration a eu lieu le 11 novembre 2006, lors d’une cérémonie empreinte d’émotion, en présence des anciens combattants, des élus et d’un public nombreux dans un silence de cathédrale, pendant toute la durée de l’appel aux morts par des enfants des écoles.
Les 2 avril, puis 10 novembre 1960, trois voies, reçoivent les noms de trois résistants tretsois, morts pour la liberté, afin de perpétuer leur souvenir :
-Robert JACQUES que nous avons déjà évoqué…
et 2 autres que Christiane vous présente:
LECTRICE : CHRISTIANE -Albert Dominique GIRODO Il est né le 6 janvier 1909. Père de deux enfants, il est connu pour ses qualités professionnelles, sa conscience et son dévouement. Il entra en résistance dans le groupe « Leï loups roudaïres » (les loups rôdeurs). Celui-ci, commandé par Jacques Peuvergne, ingénieur aux mines de Valdonne qui couvre des ouvriers réfractaires au STO, œuvre dans le bassin minier. Le 16 août 1944, alors que les allemands battent en retraite et que la résistance est maîtresse du terrain, « Leï loups roudaïres » partent attaquer des convois ennemis se dirigeant vers Marseille. A Valdonne, un groupe de sept hommes tombe dans un piège : ils sont encerclés. Malgré leur lutte héroïque qui durera plus de 7 heures, ils seront tués les uns après les autres. Parmi eux, le chef du groupe, Dominique Girodo. C’est la petite rue parallèle à l’avenue Jean Jaurès, à l’ouest, qui porte donc son nom depuis le 2 avril 1960.
-Raoul Fulgence LEMEE Il est né à Trets le 15 août 1921. Au début de la 2ème guerre mondiale, il réside à Marseille. Dès juin 1940, avec une petite centaine de marseillais, il commence à lutter par des gestes de propagande. Il est arrêté en septembre 1940 et condamné à deux ans de prison. Libéré, il est appelé aux chantiers de jeunesse, mais préfère s’enfuir et rejoindre le maquis de Grandbois. Arrêté de nouveau par les troupes d’occupation mussoliniennes, il est transféré dans une prison italienne. Au début de la débâcle fasciste il sera libéré par des patriotes italiens. Courageux et obstiné, il restera dans les rangs de ses libérateurs. Une nouvelle arrestation lui sera fatale, il sera fusillé en Italie le 15 avril 1945. Il est mort pour la France, pour notre liberté, alors que Marseille et la Provence étaient déjà libérées. Il n’avait pas encore 24 ans. Par délibération du 10 novembre 1960, son nom a été donné à la troisième partie de l’ancienne rue du 1er Mai, à partir de la place Pailheiret jusqu’à la place des Héros et Martyrs de la Résistance.
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-L’école construite en 1970, initialement Ecole mixte II a reçu le nom de Jean Moulin le 14 Juin 1980. Rappelons que Jean Moulin dit « Max » fut le créateur, avec Charles De Gaulle, du Conseil National de la Résistance et qu’il mourut sous les tortures des nazis en 1943.
-En 1984, 2 plaques commémoratives furent posées, l’une à Saint Jean du Puy et l’autre au Puy d’Auzon, en présence des anciens de ces Maquis, pour rappeler ces pages d’Histoire aux passants.
-Le 8 Mai 1986, l’avenue créée sur l’ancien terras, pour desservir la nouvelle zone d’activités, a été baptisée René Cassin (Prix Nobel de la Paix en 1968).
-Autrefois, on sortait de Trets, à l’ouest, par un croisement qu’on appelait « Les 4 Chemins » marqué d’une grande croix de carrefour. Depuis la fin des années 70, un rond-point facilite la circulation.
Le 8
Mai 1995, ce rond-point qui prit un temps le nom générique de « La
Cascade ». fut renommé « Rond-Point des Français Libres ».
La cérémonie se déroula en présence d’Edouard Mallet, de Jean Meyer et de Charles Milési, anciens résistants. Ils étaient entourés de nombreux amis et de personnalités civiles et militaires.
-Par délibération du 19 octobre 2006, le chemin qui relie la D12 (de Trets à Saint Zacharie) et l’ermitage de Saint Jean du Puy devint le « Chemin du Maquis de Saint Jean ».
A noter une erreur de signalétique : Le panneau mis en place indique : « Stèle du Maquis de Saint Jean » alors que la stèle est dédiée à la Légion, édifiée et entretenue par l’IILE… et qu’il s’agit en fait du « Chemin du Maquis de Saint Jean » …
Le devoir de Mémoire heureusement, se perpétue encore régulièrement par
-Les Commémorations officielles annuelles du 8 Mai et du 20 Août. La ville et les Anciens Combattants y veillent, et y associent les enfants des écoles. A noter que jusque dans les années 60, la participation des élèves des écoles publiques était obligatoire et contrôlée.
-Des soirées de témoignage ont été organisées tant que des anciens combattants ou résistants ont pu raconter ce qu’ils ont vécu.
-Des Expositions diverses ont régulièrement été proposées au public et aux scolaires, grâce à divers partenaires dont l’ANACR.
-Les élèves du collège ont été encouragés à participer au Concours national de la Résistance, toujours avec bonheur et parfois avec les Honneurs.
-Le Spectacle du Cinquantenaire » en 1994 a réuni plus de 1000 spectateurs dans une cour du Château archicomble qui recevait son 1er évènement. Il avait pu être organisé avec le concours de 23 associations de Trets, Peynier et Rousset.
-Depuis quelques années les commémorations sont enrichies d’expositions et de défilés de matériel militaire d’époque (Jeeps Willis, Char, Camions GMC, Dodge 66…) grâce à l’Association « Chevrons, Tractions, Luberon » et ses collectionneurs passionnés portant les uniformes adéquats.
Si, ce n’est déjà fait, nous vous conseillons vivement de voir les expos très instructives et ludiques présentées ici même, au Château !
-Et, oserai-je le dire, chers auditeurs et amis, ce soir, nous venons, tous ensemble de faire, 80 ans après, notre devoir de mémoire dans cette salle bien nommée « MEMORI ».
Guy Van Oost
Trets, le 21 septembre 2024